- La médiocratie -

Quand je lis ceci dès potron minet: "Le système encourage l'ascension des acteurs moyennement compétents au détriment des super compétents ou des parfaits incompétents", ou bien: "En politique comme dans les entreprises, les médiocres ont pris le pouvoir”... une vague de jouissance m'envahit!

Qui ose enfin dire cette vérité en dehors des cercles privés et du peuple ? Et bien c'est un philosophe, Alain Deneault, qui a sorti un livre: "la médiocratie".

je me transformerai donc ici très ponctuellement et très modestement  en critique littéraire. Histoire de ne pas le paraphraser, ce qui ne présenterait aucun intérêt, je vais relever des passages qui font écho à beaucoup de contenus de ce blog.

Ici on parle de "révolution anesthésiante", d’Êtres formatés pour devenir interchangeables, au travail comme dans la vie. On est sur un échiquier, un quidam sur une case et on reste ou on se fait éjecter au gré... de quoi d'ailleurs? Les justifications sont tellement futiles. On déplace les gens au travail (au détriment de la réelle expertise du coup), on confie des postes à responsabilité à des incompétent notoires, on gomme tout esprit critique, toute velléité de changement.

Mais surtout on pressurise pour des objectifs de rendement, de ROI (return on investissment), d'EBE (marge bénéficiaire), de rentabilité pour les investisseurs.... "Le travail devient juste un moyen de subsistance".

Dans la vie privée c'est idem. On consomme, on jette, on instantanéise chaque moment pour l'effacer aussitôt (principe de Snapchat), on choisit d'être avec quelqu'un  mais on regarde derrière lui s'il n'y aurait pas mieux...Cette quête éperdue du toujours plus, toujours mieux..

En 2013, mon billet  Alain Posture dénonçait ces incompétents issus au rang d'experts ou de responsables... Trois ans plus tard, autre contexte, autres personnes mais le constat reste le même. On me dit des conneries grosses comme mes cuisses (c'est dire!) , sans broncher, sans ciller et avec la plus parfaite mauvaise foi du monde.... et ça passe! 

J'avais abordé à nouveau l'expertise en 2014: le "bistrot de manu" est toujours ouvert 2 ans plus tard, sauf que maintenant ils sont deux cogérants avec à la carte: eau pétillante et macaron, pour nous servir la soupe amère de l'incompétence. Quelle Komri....

Et Alain Denault d'écrire: "L'expert est souvent médiocre, au sens où je l'ai défini. Il n'est pas incompétent, mais il formate sa pensée en fonction des intérêts de ceux qui l'emploient."

Il parle aussi du « problem solving » : "la recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat, ce qui exclut toute réflexion de long terme, fondée sur des principes, toute vision politique du monde publiquement débattue." 

Là encore, on écope, sans chercher à réparer la fuite. Est ce de la paresse? Ou juste de l'incompétence encore et toujours? De la médiocrité appliquée à la gouvernance  politique (qui peut être d'entreprise aussi), la médiocratie donc.. J'adore ce mot! 

Il précise plus loin que les médiocres sont invités à "jouer le jeu " (expression à caractère  tautologique, redondante quoi) ce qui consiste, à force de tricher, d'omettre des noms sur des rapports à charge, de fermer les yeux sur certaines pratiques, ou détourner les yeux du non-dit, à générer des institutions corrompues.

Chacun d'entre nous a connu une situation dans laquelle des solutions étaient "évidentes" mais bizarrement jamais appliquées, ni même évoquées. Voire même carrément rejetées par ces fameux "en poste" avec des explications foireuses et à coté de la plaque. 

Au final comment faire? Et bien l'auteur nous dit, et c'est évident,  de résister, bien sûr, et de savoir dire NON.

Évitez d'entrer dans ce jeu de la corruption et refusez une pseudo promotion empoisonnée ou une reconnaissance frelatée, aux relents de "fusible" ( vous savez celui qui saute au moindre écart).

Lisez, appuyez vous sur des références intellectuelles et apprenez à penser par vous même, exercez votre esprit critique, quitte à vous marginaliser de l'entreprise, restez droits dans vos valeurs...

Et il termine ainsi: "Ce n'est pas un hasard si le langage lui même est aujourd'hui attaqué. Rétablissons-le."

Merci Monsieur Deneault, je vais de ce pas livre votre livre. 

Médiocratiquement vôtre

Références:

 La Médiocratie, d'Alain Deneault, éd. Lux (2015)

http://www.telerama.fr/idees/en-politique-comme-dans-les-entreprises-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir,135205.php