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Par Clématite le 10 Juillet 2016 à 20:46
Je ne vous parlerai pas ce soir du point G de Grafenberg (gynécologue allemand des années 40) mais du point G de Godwin (Mike Godwin, avocat américain) qui a énoncé en 1990 que :
"Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler se rapproche de 1."
Étonnant non? Et assez curieux de prime abord. Comment d'une simple discussion sur la couleur des dessous de Nabilla dans "les anges, saison 1643" on peut en arriver à la Shoah ???
Et bien par tout un cheminement complexe d'idées, de réponses, de surenchères parfois déviantes qui peut à un instant T déboucher sur l’incarnation du "mal absolu" c'est à dire Hitler et les années Gestapo. “Hitler est advenu à un statut pratiquement antéchristique de représentant du mal, ce qui en fait une icône universellement connue et instantanément reconnue" (François De Smet).
Alors en 1990, peu de réseaux sociaux certes, mais néanmoins cette théorie se confirme, y compris en IRL (in the real life, en vrai quoi).
D'ailleurs François De Smet évoque la loi “reductio ad Hitlerum” (Leo Strauss, 1953) qui "consiste à clouer le bec d’un interlocuteur en assimilant son argumentation aux thèses du national-socialisme".
Du fait de cette comparaison, tout ce qui aurait pu être dit antérieurement se trouve de fait décrédibilisé par cet ultime argument massue.
La propension à l’instantanéité des communications sur les réseaux sociaux (140 gazouillis chez l’oiseau bleu, coté "effet-mère" chez snapchat ..) ne favorise pas la finesse d'un propos ou la prise de recul dans une réponse. On se veut rapide, percutant, parfois Buzzeifiant...Sans compter les trolls qui colonisent les forums. Et donc la dérive et le dérapage sont vite là.
Certains mots, lâchés comme en glissant, rebondissent, déboulent la pente savonneuse, s'enrichissent d"interprétations plus ou moins cathartiques et aboutissent à l'immanquable "ça a commencé comme ça en 1930", ou "on se retrouve comme en 40" ou "c'était la nuit des longs couteaux"...
Donc dans un ultime réflexe protecteur du OUEB, un rempart aux débordements, une dernière barrière éthique au delà de laquelle il est impensable d'aller, celui qui tire la sonnette d'alarme du point Godwin atteint ou décerné décide en quelques sorte que c'en est assez. .. ARRÊT DES JEUX
Le point G dans ce cas représente tout aussi bien le point temporel (le point de non retour) que le point décerné à l'auteur (un "mauvais point"). Recevoir un point Godwin devrait faire réaliser qu’on a été ridicule dans son argumentation....
L'épouvantail Hiltérien sert a modérer les emballements car une fois franchie la ligne rouge, les passions de dégonflent et les protagonistes quittent en général le navire, l'auteur de la forfaiture se retrouvant accablé par les vindictes de la foule ulcérée.
Au delà de cette "loi" sur le web, la recherche du point G est devenu un jeu, bien que le sujet réel ne s'y prête pas vraiment. Les parodies autour du Fûhrer fleurissent, fleurissent , et Kohl chie que dans les prés...(oui je sais elle est nulle, pardon!). Il y a même une parodie avec.. devinez qui????
OUI! Nabilla et son légendaire ALLO... Hitler reçoit un coup de fil de Nabilla
Dans vos discussions ou forums, avouez que vous avez tous connu ce moment où on lit avec effarement une référence aux années sombres.
Voilà mon partage de ce soir, ce point G là n'a rien à voir avec l’orgasme vous en conviendrez. Néanmoins j'ai trouvé la lecture de ce phénomène sociétal et de son ancrage assez jouissive, en voilà la source: huffingtonpost
God bless win US
PointGment vôtre
Clématite
Additif du 16 juillet:
Suite au drame qui a touché la France jeudi soir, les journaux titrent tant et plus sur tous les faits connexes.... Et voici sur quoi je tombe: nice-lynchee-sur-facebook-pour-avoir-ferme-son-restaurant. Et parmi les insultes on trouve "collabo", alors qu'en fait rien à voir.. Et voilà un point G de plus!
Nicement vôtre
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