• - LE LIBÉRAL M'A TUER -  

      Me revoilà... après une pause estivale bien        méritée et constructive. 

      Pour paraphraser un célèbre blogueur, interne     de son état: "alors voilà!"

     

     

    Ahhh l'exercice infirmier en libéral... quel vaste nid à débats.

    Les "pour", les "contre", les "c'est un scandale de gagner autant", les "c'est un scandale de gagner si peu"... Chacun y va de son laïus libérateur et catharsistique sur sa façon d'exercer, ses revenus, ses indus, sa vision plus ou moins juste des systèmes de santé et de ses acteurs...

    Mais il reste une constante, un point commun inébranlable, une caractéristique absolument non contestable: la souffrance au travail ! 

    En quelques décennies d'exercice et pas mal d'incursions plus ou moins furtives sur les réseaux sociaux, je ressens ceci très très fort:  

    L'infirmière libérale  SOUFFRE 

    (c'est valable aussi pour les hommes)

    Pourquoi me direz-vous?

    Après tout, elle bosse 15 jours par mois, elle a une belle voiture qu'elle change tous les deux ans, elle est libre sans patron sur le dos, elle gagne des tunes, mais des tunes.... qui lui permettent de partir en vacances au bout du monde.

    Moi je vous dis M'sieur Dames, c'est une nantie celle là. 

    Ha oui... et bien jetez un oeil déjà sur mes articles depuis quelques années. Venez voir l'envers du décors, quand les projecteurs s'éteignent, et que la foule quitte la salle. Vous êtes prêts ? Allez, on y va: 

    - Tout d'abord prenez le parti de vous lever à 5 heures du mat. En général le premier patient est aux alentours des 6 heures. Vous "attaquez" votre tournée comme on part au combat, la fleur au fusil et la tête dans le cul..Mais c'est pas grave, on y croit. Sauf quand "le plein est vide"... car chéri ou fiston est allé a sa répet de musique hier soir...

    - Passées les effluves nauséabondes dès le petit matin, nous avons la circulation qui se charge (bon je parle de ce que je connais: Marseille). Outre les risques d'accrochages permanents il y a les bouchons autour de l'école, le camion poubelle, le livreur, le bus qui ne reste pas dans sa voie, les travaux et autres joyeusetés. Je passe l'absence chronique de places de stationnement, les PV, les essuies glaces arrachés et la voiture rayée pour cause d’empiétement sur les clous. Sans oublier la torsion physique qu'exerce sur la colonne vertébrale une quarantaine de sortir/entrer dans la voiture chaque jour...

    - Nonobstant ces désagréments environnementaux, il y a Mme Michu: "vous êtes en retard!!!" (oui de 3mn12), Mme Bodin: "vous êtes en avaaaaaance!!!!" ( de 2mn 54), et mme Barbes "vous êtes bien  à l'heure aujourd'hui!" (là, je reste sans voix). Sans compter l'aide ménagère de Germaine qui vous explique comment faire le pansement, la pédicure de Charles qui vous prescrit de refaire les soins de pieds suite à pédicurie traumatique, la fille de Madeleine qui vous demande de passer à 7h au lieu de 10h: "elle a rendez vous chez le coiffeur à 8h30!"

    - Après un marathon de 6 à 8 h de travail non stop, nous voila en pause relative, jusqu’à 16h environ. Mais c'était sans compter sur Lisette:  "Allo!!!! vous pouvez pas passer MAINTENANT au lieu de ce soir, je voudrais enlever mes bas de contention, j'ai chaud!! ". Et bien NON! A la rigueur je passe un peu avant mais pas "maintenant!. Je mange!!!!!" Ou dors, ou fais crac crac.. cela ne vous regarde pas.

    - Rebelotte pour la sacro sainte tournée du soir, re marathon, re TOUT en fait. Ce sont les même, on les prend et on recommence. On défait ce qu'on a fait le matin et que l'on refera le lendemain. "Allez bonne nuit à demain!", voilà, c'est ça, à demain...

    - 20h ou 22H, selon, on rentre, harassée.. l'ombre de soi même, vidée d'avoir tant donné, tant écouté, tant rassuré, tant expliqué inlassablement les mêmes choses... "mais si ça sert à quelque chose de prendre vos médicaments! Vous n'avez pas de sucre (ou TA) parce que vous les prenez justement!!!". Vidée d''avoir tant cru qu'un jour on ne serait plus affectée par un décès, un départ brutal, une crasse de patient ou de collègue. 

    BOB l'éponge vous connaissez? BOB l'IDEL en fait! 

    Mais c'est pas fini! Non, vous avez payé pour le tour complet alors on continue!

    - Il y a la relève qui n'en finit plus d'en finir alors que la soupe refroidit sur la table. Mais punaise elle les connait les patients, pas besoin d'y passer 2 heures!!! 

    -Il y a l'incontournable facturation, sur le logiciel, avec les cotations pas toujours évidentes (bon là je vous passe les détails des perfs , des flash de moins d'une heure, de ceux de 12 heures avec tarif de nuit et débranchement mais sans déplacement..), et les mutuelles (pour 6€), les tiers payants pour deux piqûres, la carte vitale qui n'est plus à jour... Et plus de papier pour imprimer et plus d'encre dans l'imprimante.....Mais Matthias, fiérot,  a son exposé de Sciences Nat de 20 pages, tout prêt, en trois exemplaires, posé sur la table... Misère!!!!

     - il y a les enfants, le mari, la mère, les amis ... au choix ou le tout, qui vous sautent dessus à votre arrivée en mode ZOMBIDEL.

    "Maman maman, j'ai eu 15 a mon devoir de math..." ==> Haaa, c'est super...

    "Chérie que penserais tu de repeindre le garage en gris béton ce week end ?" ==> Haaa, oui c'est super...

    "Allo ma fille, tu sais papa et moi partons en croisière la semaine prochaine, tu pourras garder Poupette ?.." ==> haaa c'est superrrrrr.

    "ha ma fidèle amie, il faut que je te vois, je suis au bord du gouffre, Alain a une maîtresse et..." ==> Haa c'est suppe... BIP BIP BIP...

    Ho punaise, je viens de perdre ma meilleure amie mais là tout de suite je m'en fous parce qu'en même temps  j'ouvre la lettre de la sécu: ARGHHHHHHH........

    Bon là je suis tombée dans les pommes, donc la suite au prochain épisode.

    Chargez à 300......

    Presquemortement vôtre

    Clématite

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