• - Sommes-nous transparents ?? -

          Petit exercice de traversée du miroir !

          Cette fois, c’est moi, enfin mon chéri, qui est le malade.

    Devant se faire opérer d’une épaule suite à une répétition de rôle de cascade  (lui, il  saura de quoi je parle !!!), mon « cher et tendre » et moi-même nous rendons  vers midi dans le temple des chirurgies du bras. Pour info, clinique un peu « huppée », voire « chichi » dans les beaux quartiers de la ville.

    Nous nous présentons au bureau des infirmières, en plein débriefing de pause-café (ça y est, j’en vois déjà qui couinent !!) et nous voyons gratifiés d’un sonore : « attendez dans le couloir »… En effet,  quelques sièges métalliques attendaient les égarés des couloirs…(les patients quoi, les bien nommés pour le coup !)

    Après moult passages de  blouses blanches, toutes plus motivées les unes que les autres (ça, pour ceux qui suivent pas c’est du 12ème degré ! car si la motivation se mesurait à l’amplitude du mâchage de chewing-gum et à la force de trainage des pieds, nous serions  bel et bien dans un camp d’entrainement des forces spéciales paramédicales).

    Bref, quelques dizaines de minutes plus tard, nous voilà conduits dans notre suite, avec présentation de la tenue règlementaire du bal masque de l’après-midi (bel uniforme toque verte et casaque bleue) et mon homme est prié de se déshabiller et se mettre au lit.

    Quand est prévue l’opération ? « Alors là, j’en sais rien, on ne nous dit rien ! »… Bref, la chasse à l’info est ouverte, prière de ne pas tirer à vue sur les bécasses, la bête devient rare sur le marché de l’emploi….

    Et là, un nouveau copain de jeu arrive, je veux dire un voisin de chambre. Il a droit à la même tenue seyante et surtout à la visite de l’infirmière pour le questionnaire d ‘entrée ou d’anesthésie ou de je ne sais quoi…. Je m’apprête à sortir de la chambre, mais on ne me demande rien, alors, je pousse le vice à faire comme si de rien n’était, et ne bronche pas. Ce qui a l’air de ne déranger personne. Ce brave Monsieur voit donc sa vie et ses fonctions organiques décortiquées, sous mes oreilles ébaubies, de ses antécédents de diabète à sa « non constipation » en passant par….

    Tututu… c’est confidentiel. Autant dire que personne ne savait que j’étais « de la maison », enfin infirmière, et que j’étais certainement plus gênée que les protagonistes….

    Vers 13h  on vient le chercher, et Je laisse  mon pauvre patient entre des mains, je l’espère, expertes !

    Le lendemain  midi  je repasse le voir : il est encore ensuqué (apathique, endormi, engourdi = google traduction Marseille) mais bien là ! OUF ! Il a une épaule immobilisée, avec des drains, et est émerveillé qu’au moins une des personnes lui ayant porté le repas (une étudiante AS) ait pensé à l’aider à couper sa viande !!!  Aïe ! Tout fout le camp…

    Enfin, l’heure de la sortie arrive, après moult négociation avec le chirurgien, lui assurant que je gère etc….

    Passage à la pharmacie, et là on me délivre 4 boites de 10 pansements pour une ordonnance précisant 3 pansements/semaine pendant  3 semaine….avec 2 boites de 100 compresses stériles.

    Comme je suis quelqu’un de très respectueux des finances collectives (de la sécu quoi) je renonce aux ¾ du matériel délivré…

    Morale de tout ça : un patient se sent transparent, inexistant, voire un peu « gênant » quand il rentre pour se faire opérer en clinique… je suppose qu’à l’hôpital c’est pire ! La faute est sur personne, juste le système qui est froid et dépersonnalisé. Cela fait du bien de passer de l’autre coté parfois, ça recadre, on se dit : « ho punaise !!! C’est quand même vrai que je plaisante avec mes collègues sans me rendre compte que juste à côté il y des gens malades, parfois des proches de  patients en fin de vie »…. Même si l’infirmière ne peut pas(ne DOIT pas !) endosser toute la misère du monde, elle se doit d’avoir un minimum de réserve dans le cadre de son travail, et ça c’est une infirmière qui le dit !

    Et le trou de la sécu, c’est pas QUE les infirmières qui le creusent !...humour, of course.

    A bon entendeur….

    Clématite

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  • Commentaires

    6
    Ninipurple
    Dimanche 20 Janvier 2013 à 12:28

     pour être passé incognito de l'autre côté, je confirme que cela recadre! Je n'envoie jamais bouler un patient et suis plutôt au grand dam de mes chefs en sympathie avec les patients, mais je me suis entendue parler ou plaisanter avec une collègue dvt un patient sans l'inclure ds la discussion, doréravant je fais très gaffe et si je me surprends à faire cela j'essaie d'inclure le patient, généralement je me sens un peu mieux car le patient y va de son commentaire et du coup on peut rire tous ensemble, c'est bcp mieux.

     

    5
    Clématite Profil de Clématite
    Lundi 7 Janvier 2013 à 07:27

    j'en ai plein ma besace des comme ça ! des professionnelles et aussi des personnelles....

    APN c'était pas A Pi Nouilleur ???? zut !

    Allez bon courage à toi surtout , et la prochaine fois il faudra photographier l'envol des pigeonnes ! mouarghhhhhhhhhhhhhh

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    4
    Lundi 7 Janvier 2013 à 07:09

    bé tiens, je vais en rajouter une couche. Il va y avoir deux ans bientôt, je me promenais au bord d'une rivière et prenait des photos de canards. Il était sept heures du mat environ. Quand soudain, deux types ont surgi par derrière moi, m'on ceinturé, m'ont foutu des coups de pieds dans les genoux et m'ont piqué mon appareil photo et se sont enfui en courant. J'étais au sol et ne pouvait plus bouger. Une douleur intense me taraudait dans le genou droit. "appelez les pompiers, j'ai mal" disais-je au premier venu. Je te passe les détails. Toujours est-il qu'à l'hopital, ils n'ont pas détecté que j'avais une fracture du plateau tibial. Qu'ils jugeaient que je n'avais juste qu'une entorse et que je pouvais partir. Qu'il m'a fallu faire des pieds et des mains pour avoir une paire de béquille et une atèle.

    Je suis rentrée chez moi en taxi et la douleur était tellement intense que j'ai pris triple dose de temesta pour dormir (il était environ 14h, imagine le temps que j'ai passé aux urgences).

    Le lendemain matin, mon genou avait triplé de volume. j'ai appelé SOS médecin. Le médecin, lorsqu'il a vu mon genou, et a regardé les radios de l'hopital, m'a prescrit une radio de contrôle et une prescription pour avoir accès à une ambulance. Plus des anti-douleurs, type lamaline et tramadol. Je souffrais le martyr. Je te passe encore les détails, mais résultat des courses, comme dit plus haut, fracture du plateau tibial. Toi qui es infirmière, tu dois savoir ce que c'est.

    Donc pas bouger, garder l'attèle au maximum fermée. Minimum trois mois. Bravo les types qui m'ont cassée, tout ça pour un apn.

    "ah bon t'a pas porté plainte ?" Contre qui et comment ? Ces types, je ne les ai même pas vu, cela a duré dix secondes et ils se sont enfuis comme des lapins.

    "t'aurais plus porter plainte contre x". Oui d'accord, mais alors le flic, il vient chez moi pour enregistrer ma plainte, car moi, je ne peux pas me déplacer.

    Deux ans moins trois mois plus tard, j'ai toujours mal, car j'ai un affaissement des cartilages (c'est pas le bon terme, mais tu comprendras), chose qui ne se réparera jamais. J'ai lâché le kiné, pourtant je devrais poursuivre, afin de muscler mes quadriceps, mais j'en ai marre et puis ma mutuelle me rembourse mal et je n'ai plus de sous. Bref c'est la merde. Tout ça pour un stupide apn (appareil photo numérique, au cas où tu ne saurais pas)

    Je me revois encore rentrer chez moi, après l'hosto d'urgence, et me casser la figure au sol, les béquilles qui se barrent dans un coin, et tomber en pleurs et me trainer jusqu'à mon lit tel un ver de terre. Réussir à surmonter mon lit, m'allonger, ouvrir mon tiroir et ne prendre QUE TROIS témestas...

    bon past is past, je n'ai pas que des mauvaises nouvelles à te raconter, je peux être aussi très joyeuse et heureusement.

     

    Tiens la dernière blague du moment :

     

    "toc toc"

     

    "qui c'est ?"

     

    "C'est Lapinou"

     

    "Lapinou qui ?"

     

    "Lapinou Year !!!"

     

    Elle est con mais qu'est-ce qu'elle me fait rire ! Bon faut comprendre un peu l'anglais, mais là c'est fastoche, non ?

    allez je te quitte, prend  bien soin de tes patients et merci pour eux et à toi pour ton courage.

     

     

    3
    Dimanche 16 Décembre 2012 à 22:48
    Anerick

    Je viens de découvrir ton blog. Très sympa !

    2
    Burn out girl
    Lundi 19 Novembre 2012 à 15:44

    eh oui, c'est important se mettre à la place de gens... l'empathie.   Parfois les soignants ne sont pas "tendres" avec les soignés... une fois j'ai eu besoin d'être hospitalisée et j'ai vu que certaines sont là plus pour rigoler avec les cops que pour les patients!

    1
    FéeClochettes
    Mercredi 14 Novembre 2012 à 19:25

    Absolument trop bien vu ! Expérience vécue côté opérée, et c'est vrai que de temps à autre ça recadre salement

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