• Je viens ici faire part de quelques considérations "philosophico-éthico-déontologico-économiques", suite à ce que j'entends et vois parfois (<= litote) dans la pratique libérale des professionnels de santé.

    A l'heure du grand questionnement sur la politique de santé, sur son financement, la qualité des soins et autres certifications, un thème est récurrent: la pertinence des soins.

    Tout ce qui est prodigué /facturé est-il réellement "justifié et approprié" (définition du Larousse) ? Qui doit décider? En fonction de quels critères ? Qui doit ou peut contrôler ? Et d'ailleurs QUI contrôle?

    Où finit la pertinence, et où commence "l'impertinence" ?

    Toujours littéralement parlant: l'impertinence est soit "le manque de pertinence", soit "une attitude insolente, de quelqu'un qui cherche à choquer par ses manières".

    Alors comment qualifier un médecin qui prescrit et renouvelle des compléments alimentaires sans même examiner son patient, qui propose des IRM à des personnes de 92 ans, isolées et à mobilité très réduite, qui engraisse les fabricants de paracétamol (cf autre article: invitation au voyage)à coup de 6 gel/jour Ad vitam æternam ?

    Est-ce "pertinent" pour une IDEL:

    - De facturer  "un grand pansement lourd et complexe tous les jours y compris le dimanche", pour coller un hydrocellulaire/timbre poste sur le bobo quasi guéri de Germaine après la douche, alors qu'un tous les 5 jours suffirait ? => Faut bien justifier la prescription....

    - De sonner tous les matins chez Gigi à 6h45 pour lui donner le traitement de la journée, la tirant brutalement de son sommeil, et voyant qu'elle vacille et tangue pour se presser de répondre? => Ça nous arrange, on passe devant à cette heure-ci ...

    - De faire renouveler TOUT le traitement TOUS les mois, malgré les stocks de médocs dignes de la trousse de maquillage de Nabilla => Le Docteur y vient on sait jamais quand, pour préparer la liste ...

    - De prendre systématiquement la pression artérielle de la plupart des patients, sans justification particulière, au risque avéré de les rendre "accrocs", et du coup demandeurs? => faut bien justifier notre passage ....

    Alors oui, sauf qu'il me semble que la démarche clinique infirmière comprend aussi un rôle propre de surveillance, de prévention et d'évitement des dangers...

    Donc pour MOI, pôvre petite IDEL inculte et ignare, passer matin et soir chez une petite mamie très seule, très triste d'être très seule, très désolée d'être si triste et surtout d'être si peu "dégourdie" à son âge avancé, et bien pour moi, le fait de passer lui faire "coucou" est en soi un ACTE!

    Un acte de vie, un acte d'aide,

    souvent le seul acte qui sera fait pour elle de la journée.

    Juste passer voir:

    - Si elle est encore en vie (les journaux regorgent d'articles sur des personnes découvertes mortes après plusieurs semaines),

    - Si elle n'est pas par terre ( combien en ai-je retrouvés à terre, dans une mare de sang ou autre, à appeler les pompiers dès 7h du matin)

    -  Si elle n'est pas dans le noir (et oui les pannes de disjoncteur ou ampoules grillées ça arrive et là "Mac GyverNurse" prend tout son sens)

    - Si sa fenêtre est bien fermée alors que des trombes d'eau se déversent dehors

    - Si elle a de quoi manger dans son frigo, ou placard, et si ce n'est pas périmé depuis des mois (vous seriez surpris de certaines de mes trouvailles!)...

    - Si elle n'a pas fait tomber ses cachets, car elle y voit mal et ses doigts sont noués d'arthrose...

    - Si, si, si....

    Alors moi je justifie mon passage par ma présence bienveillante et non par une prise de tension "impertinente".

    Mais sûrement est-ce moi l'impertinente pour oser à ce point cracher dans la soupe, sauf qu'à trop tirer sur la corde... Vous connaissez la suite, on finit par boire le bouillon !

    Impertinemment vôtre, 

    Clématite

     

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