• - Invitation au voyage ....-

    Ce soir j'ai décidé de partir en voyage. Et de vous inviter. Vous venez avec moi ?

    Je pars à Cétamol

    Attendez, ne vous jetez pas bille en tête sur gogole map ou autres guide Michelin, Cétamol est juste  la planète chérie des toubibs en mal d'inspiration pour soigner nos aînés.

    - Docteur j'ai mal.... Et hop, l'ardoise magique délivre ses petits comprimés de doli ...bip!

    - Docteur, j'ai un peu mal au dos quand je me penche pour ramasser la crotte du chat: daffa...tut ! 

    - Docteur, je dors mal la nuit, je tourne et retourne dans mon lit: tu dors mal ? et bien pars à Cétamol et ça ira mieux.

    Du coup j'en conclue que cette destination est décidément la panacée à toutes les souffrances. D'autant que pour singer notre cher Corneille, déjà cité dans ce blog, "nous partîmes à 500 (mg, ndlr) et pour un prompt confort nous en vîmes 1000 (mg, re-ndlr) en arrivant au comptoir (de la pharmacie ou de l'aéroport).

    En bref, sans paraphrases, ni billevesées, je suis ahurie de cette envolée des prescriptions de paracétamol, à 3 gramme/jour, au long cours chez des personnes fragiles et vulnérables ! 

    Il semble que 'iatrogénie" soit un gros mot pour les médecins. Et pourtant un article du Monde, de janvier 2013 révèle l'existence de 14 MILLIONS D'ORDONNANCES AYANT AU MOINS DIX MÉDICAMENTS par an en France !

    Je cite encore: [ils] sont à l'origine de plus de 3,6 millions d'interactions possibles entre eux ; beaucoup d'admissions en urgence sont dues à cette surconsommation.

    Suivez le guide: Si je tape "dolipr.." 1g :

    Contre-indications : Insuffisance hépatocellulaire.

    Précautions d'emploi : Cette présentation est réservée à l'adulte et à l'enfant à partir de 50 kg. Mes patientes consommatrices effrénées  ne font pas toutes 50 kg ! Suite de la visite :

     Pour éviter un risque de surdosage, vérifier l'absence de paracétamol dans la composition d'autres médicaments. Quand on sait le nombre de médoc qui en contiennent, je reste perplexe...

    On apprend qu'il existe aussi un risque d'interactions avec des examens paracliniques.

    Changement de site: je tape "Daffalg...." 1g :

    Même contre-indication,

    Attention, ça devient très intéressant:

     Interactions nécessitant une précaution d'emploi: 

     Anticoagulants orauxRisque d'augmentation de l'effet de l'anticoagulant oral et du risque hémorragique (...) pendant au moins 4 jours ! 

    - examens paracliniques : peut fausser le dosage de la glycémie et de l'acide urique sanguin !

    - L'intoxication est à craindre chez les sujets âgés ... risque d'augmentation des enzymes hépatiques, de la bilirubine...et  risque de voyage définitif.

    Bref vous l'aurez compris partir à cétamol n'est pas "anodin".

    Mais alors pourquoi tant de prescriptions ? Pourquoi se retrouve-t-on régulièrement avec des stocks de boites rouges et blanches (oui en gélules de 500, comme ça on en a 6/jour) dont on ne sait plus que faire ?? 

    Un vrai problème de santé publique, qui devrait se résoudre en partie par une prise de conscience des prescripteurs, préférant user de leur stylo plutôt que de se poser 5 mn pour "écouter" la plainte. Docteur, j'ai mal à la vie... 

    Mon voyage n'était pas si chouette que ça au final, et la prochaine fois que vous verrez traîner du doli...bip chez Germaine,  pensez  à son anticoagulant , à ses reins, à son foie ... Je n'ai pas la solution, vous peut être ??

    Cétamollement vôtre

    Clématite 

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 10 Octobre 2013 à 20:54

    La réponse médicamenteuse évite d'écouter, de prêter attention. S'il y a douleurs, quelles qu'elles soient (et le Grand Manitou sait, lui, qu'on est plutôt du genre surformés sur la localisation, l'irradiation, la durée, la fréquence...), il y a une réponse.
    Le côté psy aidant, j'ai croisé pas mal de soignants - prescripteurs ou non - qui réfléchissaient différemment à la question de la douleur. La prendre en compte, s'en enquérir spontanément et pluriquotidiennement auprès du patient, sans pour autant - dans tous les cas et immédiatement - prescrire.
    Bien sûr, je ne parle pas des douleurs intenses et insupportables. Je suppose que toi non plus.

    Bien monobloguement...

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