Dans le monde de la santé une phrase revient, tel un leitmotiv, dans tous les rapports, les congrès médicaux, les couloirs d'hôpital, les campagnes, les caisses des supermarchés ....:

Pénurie Médicale!

Le mot est lâché: on manque  (cruellement) de médecins !!!

Chacun se fend de son explication plus ou moins étayée: 

- Disparité géographique de l'offre : comprendre que nos chers médecins préfèrent (et on les comprend!)les affres arthrosiques d'une riche retraitée de la cote niçoise au cancer ORL du chômeur alcoolo-tabagique , en surpoids et forcément dépressif du Nord-pas-de -Calais..(le cliché est volontairement appuyé, quoique...). Nous avons donc des territoires extrêmement bien pourvus et d'autres où pas de bouton de culotte d'un médecin à moins de 30 mn de route*.

- Féminisation de la profession: Saviez-vous qu'aujourd'hui 60% des médecins en sortie de fac sont des femmes? Traditionnellement et historiquement masculine (à l'inverse des infirmières) cette profession attire désormais les jeune femmes. Pour souvent le plus grand confort des patients, car généralement plus attentives ... L'impact? Des horaires plus "cadrés" : pas de mercredi, pas de week end, consultations de 8h30 jusqu'à 17h...         Pour le reste, faites le 15 ! Une carrière souvent en accordéon (bébés obligent), et plus volontiers salariée que libérale.

- Diminution des installations libérales: ben oui le vieux médecin de famille, qui arpentait les routes et les appartements, jusqu'à point d'heure, dans son vieux pardessus râpé, qui donnait sans compter de son temps auprès des enfants constellés de pustules varicelliques, des ados bronchiteux, des mères de familles inquiètes d'un 4^ème retard de règles alors que le petit dernier était encore au biberon, et des vieux constipés,  tout ceci c'était avant!

De nos jours c'est plutôt 4 mois avant d'avoir un rendez-vous, "et n'oubliez pas votre carte vitale", et si vous avez l'extrême privilège d'une visite au domicile, tâchez d'avoir quelqu'un qui surveille le 4x4 BWM de votre "cher" médecin. Oui je sais, tout ceci est TRÈS exagéré... 

Le fait est que les médecins en France sont tout de même parmi les moins bien rémunérés alors pour compenser, on enchaîne les actes et surtout on raccourcit les temps de consultation.

En réalité, il n'y a pas de pénurie médicale ! Il y a diminution de revenus, pas de médecins... Le nombre de médecins n'a jamais été aussi élevé: 230 000 contre 60 000 en 1968 ce qui nous fait 3.3 médecins/1000 habitants (2.2 au Japon, 1.9 en Corée).

NON, la vérité c'est que tout ceci a été savamment orchestré par les syndicats médicaux eux-même! Le numerus clausus a été baissé dès les années 90 afin de réduire cette "pléthore" de nouveaux diplômés, qui réduisaient le gâteau (symbolisé par les remboursements contrôlés de l'assurance maladie, l'ONDAM de nos jours).**

C'est pourtant simple: si la maman de Thomas a fait un gâteau d'anniversaire pour 8 et qu'il invite 15 copains, chacun n'en aura qu'un tout petit morceau.. Et là c'est pareil ! 

Cette diminution des formations médicales vise à créer une pénurie propice à un meilleur traitement de ceux qui restent: ils sont choyés, courtisés, suppliés de rester à l'hôpital (à coup d'indemnités conséquentes) ou "primés" pour venir s'installer dans des bassins de vie désertés....Tout ceci était à l'origine pour préserver un pré carré qui devient aujourd'hui la quadrature du cercle.

Mais voilà que la situation leur échappe. On manque de médecins et on fait appel aux médecins étrangers (en Picardie, 44% de médecins ayant obtenu leur diplôme à l'étranger)... et tout ceci a évidemment un coût important pour la société, cf le rapport Véran, ICI " Le surcoût est évalué "de l'ordre de 500 millions d'euros" par an pour l'hôpital public."

A noter que bon nombre de tâches exécutées par des médecins pourraient l'être par des paramédicaux, mais ceci reviendrait aussi à céder du terrain et renoncer à une certaine hégémonie. La formation médicale est Gratuite mais Longue et Coûteuse pour la société. Elle nécessite 10 ans pour rendre une médecin "opérationnel". Alors que les 3 ans d'études (voire 5 si nouveaux métiers) des infirmiers permettrait de répondre plus rapidement aux besoins, et à moindre coût  !

Alors où est la solution? Continuer à payer, grassement, des intérimaires à des tâches non exclusivement médicales, ou laisser l'opportunité à des personnes compétentes (les paramédicaux) d'exercer leur art en tout sécurité ? Avec les résultats positifs qui en ressortent dans les sondages.... 

Je vous laisse juge, je n'ai ni la solution, ni les pouvoirs de changer les choses.

Mais alerter et informer  c'est encore dans mes cordes !

Pénuriquement  vôtre
Clématite 

*http://www.lamedicale.fr/documents/201012_demographie_medicale.pdf
** Carnets de santé de la France - J de Kervasdoué - 2012