• - Jacadi...


    Ah ! ce métier d'infirmière libérale !...

    Ses joies, ses peines, ses perles mémorables. Mais surtout ces petites phrases égrenées, toujours les mêmes, quels qu'en soient leurs auteurs. Ces phrases qui résonnent sur un air de déjà entendu, une rengaine entêtante et horripilante. Que celui (ou celle) qui ne les a jamais entendues me jette la première pastèque. (Pourquoi pastèque? Pourquoi pas "une pierre" pour faire classique? Et bien, parce qu'il fait chaud et qu'une bonne pastèque me plairait bien, comme j'aurais pu dire "bouteille de pastis", ou "plage déserte", mais vous m'accorderez que jeter une plage déserte sur quelqu'un c'est pas facile, bref, je m'égare....)

     Revenons à nos perles:

    1- Vous arrivez pour la première fois chez une patiente, vous ne la connaissez ni d'Adam ni d’Ève, et le bonjour de la dame est "Ah! Vous êtes pas en avance !"... Stupeur. "Bonjour je m'appelle Clématite, je suis l'infirmière, bla bla bla...." Et bien non. Exit mes principes de communication, présentation, besoins du patient, etc... je fissure, cash! Et je m'entends riposter avec le calme le plus olympien possible: "Et bien  je n'avais la notion de devoir arriver en avance". Depuis les choses se sont aplanies, on est presque les meilleures copines du monde. Variante très célèbre: "vous êtes en retard !". Un jour peut-être on m'expliquera l'élément de comparaison pour cette affirmation. car la même le lendemain, sur 10 minutes d'écart dira: '"Oh vous êtes en avance ce matin !". Tout aussi pénible à entendre.

    2- Vous pénétrez un domicile où la chaleur ambiante est digne d'un hammam, et l'odeur proche de celle d'une tranchée d'épandage. Vite, on ouvre la fenêtre, histoire d'y passer les 20 prochaines minutes autrement qu'en apnée, et la phrase cultissime: "c'est resté ouvert jusqu’à maintenant, je viens  juste de fermer la fenêtre !".  Sauf que vu la difficulté que j'ai moi-même a ouvrir cette fichue fenêtre et l'atmosphère ambiante j'ai de gros doutes... D'autant qu'à mon départ il fait nettement moins chaud et ça redevient respirable !

    3- Vous allez attaquer la douche de votre patiente , et vous réclamez un gant de toilette. On vous montre une chose informe mais non incolore (entendez : rayure bayadère jaune et marron, les connaisseurs apprécieront.):"Il est propre !". Nous n'avons certainement pas la même notion de la propreté, ou pas la même lessive... Ah ? Nutella a sorti une nouvelle lessive ? Variante: la serviette, la culotte, le tricot ou la robe ... Même custom pour tous , la couleur de l'été sera "trace de pneu" ou ne sera pas.

    4- Et puis, bien sûr, la douche "que l'on vient juste de prendre", gant et bac à douche aussi secs que le cœur d'une surveillante chef, les vêtements  que l'on vient juste de changer (heu! c'est pas pour la vue mais c'est pour l'odeur), les médocs que l'on vient juste d'avaler .... 

    5- Il y aussi l'heure de passage: "avant 8h50, car après mon aide-ménagère arrive , mais après 8h20 car avant j'ai le kiné...". Et moi ? ma fenêtre de tir est inamovible ? Vous remarquerez bien que l'infirmière passe TOUJOURS après (dans l'ordre) : l'aide ménagère, le Docteur, le kiné, le coiffeur, l'ambulance, le chien de la voisine et "questions pour un champion".. Avant y avait aussi Derrick, mais on a de la chance il est mort. Reste encore Drucker, mais que le dimanche, c'est moins grave.

    6- La célébrissime "prise de tension", attestant de la gravité de l'état de santé. Et ce paradoxe qui m'oblige à me fader ce rituel jour après jour sous peine de me faire congédier car:"le docteur a dit de prendre la tension". Que faire ? Se complier aux desiderata non justifiés et pour le coup "justifier son passage" par cet acte non utile, ou tenir bon et expliquer que "ça ne sert à rien de prendre la tension tous les jours", et m'engager jour après jour dans un combat stérile dont je sortirai fatalement perdante (entendez: je serai remplacée par une "bonne infirmière" qui prendra bien la tension, ELLE). Franchement la solution dépend de mon humeur du jour. Ben oui, les infirmières sont comme les chefs cuistots, elle ont des humeurs.

     Alors oui ces petites phrases lâchées régulièrement égrainent (ou égrènent) mon quotidien depuis presque 30 ans et là, j'en ai marre, c'est tout !

    Jacadi ? Ben non, j'arrête de jouer.

    Patiemment vôtre,
    Clématite

     

     

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