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Marseille !
Capitale européenne de la culture ... ca pète bien tout de même. Les concerts gratuits (subventionnés par nos impôts, mais bon...), le MUCEM, l'OM, les règlements de compte, les grèves, les poubelles jonchant les trottoirs ....
Marseille, ça fait rêver ... ceux qui n'y habitent pas. Car ici il y a aussi la misère, l'injustice, l'intolérable. Mais pas la misère politiquement correcte, pas celle dont les médias affamés se délectent, pas celle que les politiquent "dénoncent", sourire ultra-brite et larme à l'oeil de rigueur, à des fins électorales, pas celle de "plus belle la vie". Non, la vraie vie, les vrais gens, la vraie détresse, celle que l'on cache, celle dont on a honte...à Marseille, capitale de la culture.
Pour faire mon marché à "sujets", point besoin d'aller jusquà Noailles ou la plaine ou les Arnavaux... Il me suffit d'écouter, de regarder, de tendre la main autour de moi à des soignants eux-même en détresse. Voici en vrac, quelques perles récoltées:
1- Une dame de 80 ans, divorcée, 3 enfants, vivant de la pension de reversion de son ex mari, suspicion d'AVC : elle n’est plus assurée sociale et ce car elle n’a JAMAIS, durant sa vie, eu recours à ce type de prestations. Depuis 2 mois, son dossier social est en cours de régularisation. De ce fait, cette personne ne peut bénéficier des soins auxquels elle pourrait prétendre (médecins spécialistes, achat de médicaments, kinésithérapie, imagerie médicale, ….). Son infirmière et son médecin la suivent sans se faire payer... L'hôpital lui réclame régulièrement les 9000 euros qu'elle lui doit. Cette dame vit avec ses fils, sans eau courante, à Marseille ! Son état de santé nécessiterait d'autres soins, mais .... plus d'infos ICI.
De nos jours, en France, malgré un contexte de maitrise comptable des dépenses de santé, quelqu’un qui ne « consomme » pas est rayé de la liste des bénéficiaires à l’assurance maladie.
2- Un patient de 80 ans opéré à l’hôpital public sollicite son IDEL à la sortie de l’institution pour lui faire une série d’injections d’anticoagulants. Il a subi un pontage au niveau fémoral, il est porteur d’un pansement sur la plaie opératoire et il va devoir se rendre 3 fois par semaine à l’hôpital pour faire refaire son pansement simple. Il ira en véhicule sanitaire (VSL), pris en charge par la "sécu", il attendra une demi-journée que l'infirmière du service lui nettoie sa plaie, lui remette un pansement et que l'ambulance revienne le chercher... Tout ceci pour la modique somme de : 2 transports + une consultation spécialiste + un pansement + une grosse demi-journée (avec les chaleurs qui arrivent!).... au lieu d'un pansement à 6.30 euros au domicile. Sauf que le vendredi, et bien le médecin ne consultant pas, c'est l'infirmière libérale qui s'y collera...
La semaine elle est certainement trop cruche pour surveiller une plaie mais le week end elle peut le faire.
L'intéret du patient ? on s'en tape ! Les économies de la sécu ? Encore plus... L'intérêt de l'hôpital ? Ha bien on fait rentrer un peu d'argent "facile".
3- une patiente de 40 ans, un cancer du sein et déjà 2 opérations en 3 mois. Son mari est décédé il y a 2 mois, d'un cancer aussi, le jour de son intervention à elle. Elle a 3 enfants (de 15 à 4 ans), elle est seule au monde, elle se bat contre un cancer, elle se bat pour continuer à vivre malgrè son récent veuvage et on vient depuis 3 semaines de lui enlever ses enfants pour les placer en foyer. Désormais elle se bat AUSSI pour récupérer ses enfants ! Certainement que tout ceci a été concerté (mais sans elle, elle le jure !)et que l'assistante sociale et le juge n'ont pensé qu'à son bien, qu'à améliorer ses conditions de vie dans cette épreuve... Sans doute .
Mais comment peut-on un seul instant imaginer qu'à travers un deuil des enfants doivent être séparés de leur mère.
Comment accepter ceci avec toute les aides possibles désormais , les services d'aide à la personne, les structures sociales existantes ... Comment rester insensible devant une femme qui n'a même plus la force de pleurer et qui ne trouve refuge que dans la prière. Qui peut lui tendre la main? A part l'infirmière qui reste à ses cotés 25 minutes pour une simple injection.... ce qui m'amène au dernier point,
4- Le milieu hospitalier qui ne comprend pas qu'une infirmière puisse passer 20 minutes (ou plus !) pour un pansement "simple", ou une injection. Y compris auprès d'une patiente atteinte de cancer, la valeur de l'acte se mesurant, pour l'hôpital, à l'aune du nombre de centimètres de la plaie.
L'abord psychologique ? => "y a des psy pour ça !"
La prise en charge holistique ? Non, pas à l'ordre du jour.
L'infirmière passe pour faire le pansement et le reste ... on s'en tape !
Voilà donc mon coup de gueule , car mon marché du jour fut sinistre. Peut être devrais-je moi aussi fermer mes oreilles et mon coeur ?
Mais non ! Je dénoncerai encore et toujours ces situations honteuses et indignes.*
* je précise que tous les cas cités sont REELS et non exagérés ...
Ecoeurement vôtre
Clématite
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Commentaires
1Tinker BellVendredi 26 Juillet 2013 à 11:35Une amie m'a conseillée récemment de jeter un coup d'oeil (qui en mérite en fait beaucoup plus) à ton blog.
J'M ta prose et ton humour Xième (X comme olé olé et non pas comme 10 à la romaine) degré bien cash, sans langue de bois et complètement connectée réalité terrain qui fait vraiment du bien.
Une bonne bouffée d'oxygène face à ce monde enflé de politiquement correct et qui agonise à force de ne pas regarder la réalité en face et se piquouse à la méthode coué du "Tout va très bien, Madame la Marquise ...".
Continue et garde la foi (et non pas les foies)
Tinker Bell
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Les marchés sont parfois plus que sinistres. J'ai eu dès mes premiers stages en MCO un certain malaise par rapport à des situations, du même genre que celles tu décris ici. Puis, plus tard dans mes études, quand j'étais plus autonome, on ne cessait de me reprocher ma lenteur, et de me dire que je ne pourrais jamais m'occuper de tous mes patients si je restais trop longtemps dans chaque chambre - étant donné que je ne pouvais me conformer eux exigences de rapidité, on m'avait de multiples fois, entre deux portes, conseillé de changer d'orientation. "Le milieu hospitalier qui ne comprend pas qu'une infirmière puisse passer 20 minutes (ou plus !) pour un pansement "simple", ou une injection." C'est exactement ça. Je me suis tournée avec bonheur vers la psychiatrie, où je pensais qu'on était obligé de passer du temps à comprendre ce qu'il se passe pour le patient, et pour son entourage. C'est vrai, dans certains endroits, certains seulement...
Si j'ai bien cerné une chose, c'est que la prise en soins des patients - dans quel secteur que ce soit - est avant tout déterminée par un ou deux individus. Ceux qui ont le pouvoir (de dire non aux règles, parfois).