• - infirmus nox -

    Oh combien d'infirmieres, combien de libérales

    Qui sont  parties joyeuses pour des tournées urbaines, 

    Dans ce morne horizon se sont évanouies?

    Combien ont disparu, dure et triste fortune,

    Dans une cité sans foi, par une nuit sans lune, 

    Sous l'aveugle ministère à jamais enfouies. 

     

    Combien de soignants morts à cause de leurs patients? 

    L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

    Et d'un coup il a tout dispersé dans la rue!

    Tous sauront leur fin dans la ville plongée

    Chaque balle en passant d'un butin s'est chargée

    L'une a saisi la vie , l'autre la profession . 

     

    Nul ne sait votre sort, pauvres infirmières perdues, 

    Vous roulez à travers les sombres avenues, 

    Heurtant de vos doigts gourds des portes inconnues

    Oh ! Que de vieux patients qui n'avaient plus qu'un reve

    Sont morts en attendant tous les jours l'infirmiere,

    celle qui n'est pas revenue! 

     

    On demande : "où est-elle? Est-elle partie aux iles?"

    M'a-elle délaissé pour un sort plus futile? 

    Puis son souvenir même est enseveli, 

    L'affront  se perd dans l'actu,  le nom dans la memoire

    Ségur qui sur toute ombre en jette une plus noire

    Sur la sombre héroïne jette le sombre oubli.

     

    On s'entretient de vous parfois sur les forums

    Maints tristes IDEL, assis  les yeux mouillés, 

    Mêlent encore quelques temps vos noms d'ombre couverts

    Aux rires, aux soins, aux récits d'aventures

    Aux  mercis récoltés pour des guéris futurs 

    Tandis que vous gisez sous les coups et les balles.

     

    Heur, pas des yeux de tous votre ombre est disparue

    L'un écrit un billet, l'autre harangue la ministre

    Seuls durant ces nuits où les élites s'en moquent

    Vos collègues solidaires usent leurs fond de culoote

    A écrire et porter la mémoire de leurs soeurs

    Las d'attendre un reconfort apaisant leur douleur.

     

    Et si d'autres drames enfin occultent celui ci

    Rien ne cite votre nom, ni ministre ni télé, 

    Dans l'étroit corridor où l'écho nous répond

    Pas même un officiel qui s'émeut du scandale

    Pas même  le message naïf et monotone 

    Que twitte le ministère pour le chikungunya...

     

    Où sont-elles les idel tombées dans les rues noires?

    Oh murs! Que vous savez de lugubres histoires!

    Tournées chargées redoutées des fils à genoux !

    Vous vous les racontez en faisant les relèves

    Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées

    Que vous avez le soir quand vous rentrez chez vous. 

     

    Noxement vôtre

    Clématite

     

     

    Tiré du poème de Victor Hugo: "oceano nox"

     

     

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