• - Lettre à Eglise -

    Moi soignante depuis très longtemps, je suis malade...

    Ou plutôt non, c'est ma profession qui est malade !

    Alors moi, soignante, je vais essayer de la soulager et de lui rendre cet état de santé qu'elle ne devrait jamais avoir quitté. Mais pour cela je dois établir un plan de soins, et donc faire une démarche clinique...

    Je vais commencer par un recueil de données, suivi d'une analyse menant à la pose de diagnostics infirmiers. Ceux ci génèreront des objectifs à atteindre, suivis d'actions et d'évaluation.

    La "profession de soignants" est une personne désormais très âgée, mais encore dynamique. Elle a toutes ses capacités cognitives mais une mobilité réduite. Elle a subi de nombreux AVC (Accidents vasculaires cérébraux ou Apprendre à Vivre Courbé), dont elle s'est toujours relevée, mais son dernier IDM (Infactus Du Myocarde ou Ignorance De Marisol) a failli lui être fatal.

    Une mise immédiate sous perfusion de Nibonnes a été réalisée, mais bien que son pronostic vital ne semble pas engagé, les médecins restent réservés quant à son  évolution.

    Elle est dans un état de semi-conscience, marmonnant parfois des sons inintelligibles (roh roh...., ressemblant à des râles ou des roucoulements...) et est parfois agitée de tressautements involontaires des bras, comme si elle cherchait à taper sur un clavier de piano (ou d'ordinateur) ???

    Elle est placée en chambre d'isolement car elle perturbe les autres patients, en criant qu'on veut l'assassiner, que tout est faux , que la télé nous ment. Cette attitude quasi hystérique est du plus mauvais effet pour la réputation d'un établissement comme le nôtre et nous avons ordre de la surveiller très étroitement. D'ailleurs nous lui avons déjà administré des gélules de "transfert de compétence" et de "LMD" pour tenter de lui faire voir la vie en bleu. Elle a été un peu méfiante au début, mais notre infirmière chef, Marishmol, a su la convaincre.

    Il faut dire que le directeur de notre établissement, monsieur Frollande, est très sympathique et il a une grande confiance dans l'infirmière chef. Il est très occupé par des dossiers bien plus importants que cette pauvre vieille qui pue et qui emmerde tout le monde avec ses délires paranoïaques.

    Nous sommes donc face à une personne en situation de peur, à cause d'une stratégie adaptation inefficace d'une collectivité, entrainant un risque accru d'accident. Tout ceci aboutit à une tension dans l'exercice du rôle de l'aidant naturel  avec risque d'automutilation.

    Son bien-être est altéré, et elle présente un comportement à risque pour sa santé, dû à un conflit décisionnel perpétuel.

    Ce deuil problématique d'une idéologie d'exercice de son métier, l'a conduite à une diminution situationnelle de l'estime de soi, une perte de l'élan vital, doublée d'une perte d'espoir ...Il est à redouter une atteinte à la dignité humaine ...

    L'excès de stress associé à la fatigue nous font redouter des habitudes de sommeils perturbées, un sentiment d'impuissance, des interactions sociales perturbées, voire un isolement social ...

    Ses mécanismes de protection semblent inefficaces, tant et si bien que nous commençons douter de sa motivation à améliorer sa résilience.

    Cependant, après 3 mois de traitement intensif de Nibonnes, il semblerait que nous soyons face à un début de motivation à améliorer son pouvoir d'action, sa communication et son  concept de soi ! Le risque de contamination est écarté, et le risque de suicide diminue...

    Un trimestre aura suffi pour insuffler à la "profession de soignants" une motivation à accroitre son espoir, au grand désespoir de notre Directeur et son Infirmière en chef (T2A oblige)!

    Sa très nombreuse famille est présente autour d'elle (presque 36 000 personnes)et accroit sa  motivation à améliorer ses stratégies d'adaptation.

    Nous prévoyons une sortie dès le printemps prochain. Elle va beaucoup nous manquer car toute l'équipe s'est attachée à elle ... Elle nous a motivés à améliorer nos connaissances.

    Nous penserons souvent à elle, en regardant les vols de pigeons par la fenêtre...Ils sont libres, EUX !!!

    Morale de l'histoire:

    Je me dis agnostique, moi l’infirmière ... Et pourtant je me surprends à prier que tout ceci cesse un jour.... Et s'il faut pour cela écrire une lettre à l'église .... Ce sera une bagatelle pour moi, car même en "la mineur", elle nous permettra de ne plus être laminés.

    Beethovenement Vôtre...

    Clématite

    « - burn out, le retour ? -- Au temps pour moi - »
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  • Commentaires

    3
    s
    Mardi 22 Janvier 2013 à 01:59

    bravo clématite! un régal que de te lire!

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    2
    ATW
    Dimanche 20 Janvier 2013 à 08:47

    Bonjour,

    Toute mes felicitation , je suis une infirmière en burn out, qui abandonne le métier, mais qui reste présente auprès des malades , en ayant crée une association: Thera Wanka

    Bonne continuation

    1
    Brunolaborel
    Dimanche 20 Janvier 2013 à 07:33
    J adore, clématite continue tes écrits sont stimulants de la vrais nibonnite attitude lol
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